Sacré tapis !

Texte original de Lionel Le Guen. Temps de lecture : 4 mns

Se donner rendez-vous sur un tapis de yoga, c’est instaurer un rituel pour se relier à soi. Installer la pratique du yoga dans sa vie c’est créer d'abord un espace.

L’espace du tapis bien sûr, et autour du tapis pour ôter toute entrave au corps en mouvement. C’est aussi l’espace-temps, la durée que l’on se donne pour communier avec son être, durée à accommoder mais pas trop, aux contraintes, responsabilités du jour. Il y a aussi l’espace intérieur, la disponibilité et l’attention que l’on engage durant toute la séance.
Créer l’espace de pratique demande ainsi une disposition, matérielle et mentale, préalable. Elle va permettre la qualité d’écoute sensorielle indispensable au déploiement de l’état de yoga en soi.
Il est donc important de ritualiser son installation sur le tapis, une mise en condition favorable à la conscience subtile du corps, du souffle et de l’esprit.

L’expérience du yogi se reconnaît à sa préparation

Ce rituel va s’affiner avec le temps. Le premier pas sera de respecter la fréquence du cours collectif : souvent hebdomadaire, parfois plus. Puis ce sera d’anticiper l’horaire du cours, s’organiser pour arriver un peu en avance dans la salle pour ne pas se précipiter pour se changer et être vraiment prêt lorsque la guidance commence. C’est aussi savoir s’alléger des objets : téléphone, montre, bijoux, parfum, maquillage,… mais aussi abandonner la petite bouteille d’eau qui décentre à chaque gorgée prise durant la pratique, avoir l’estomac libre. En fait il s’agit de se simplifier au maximum, d’éliminer le superflu tel un nomade pour se relier à l’essentiel : corps, sensations, respiration. Ritualiser sa pratique en installant avec soin le tapis, et de s’y allonger ou poser ses pieds en conscience, tel un espace sacré. Et de même en quittant le tapis, s’orienter à nouveau vers le monde extérieur, toujours en conscience.

Vers l’intégration complète

Le rituel va ainsi évoluer de façon très personnel pour rendre l’acte de pratiquer de plus en plus profond, subtil, précieux, mais aussi plus fréquent, jusqu’à intégrer une pratique au quotidien quand le pratiquant sera prêt à l’autonomie. Il s’agit de passer d’une activité ponctuelle à une discipline, un mode de vie, non par autorité envers soi mais par choix, une décision intime d’installer le yoga dans sa vie.

Être prêt

Cette notion de rituel est présente depuis les origines du yoga. Le rituel est alors lié à la dévotion au divin, qu’il soit cosmique ou individuel selon les voies de pratiques (BAKTI – KARMA – JÑANA- …).
La ritualisation peut s’observer aussi dans les processus des techniques même de la pratique : la séance commence par le centrage sur le corps, le souffle et l’intention du jour (BHĀVANĀ), puis ĀSANA (postures) comme préparation à l’assise pour PRĀNĀYĀMA (souffle), et ce dernier comme préparation à SAMYAMA (méditation). De même, entrer dans une posture est un rituel : commencer par porter la conscience là où la respiration va se déclencher (cage thoracique ou bassin), laisser naître l’inspire ou l’expire en soi pour provoquer la mise en mouvement du corps vers la posture.
Ce processus de l’attention vers le mouvement dans le souffle est un rituel à chaque phase de la respiration, et par cette répétition mène à un centrage intense, l’état de yoga.
Pratiquer en conscience est fondamental en yoga. C’est une spiritualité en mouvement qui demande une disposition et une disponibilité d’esprit extra-ordinaire. La ritualisation permet au pratiquant d’être prêt comme l’y invite solennellement le premier sutra de Patañjali:

ATHA YOGĀNUŚĀSANAM

Une invitation solennelle à recevoir l’enseignement du yoga mais aussi une interrogation faite à chaque prétendant à ce savoir précieux : êtes-vous prêts ?


Du cours collectif à la pratique personnelle

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