Texte : Lionel Le Guen. Temps de lecture : 3 mns.
Quand nous subissons l’existence tel un poids qui courbe notre silhouette, le regard vers le sol, l’esprit vide, en mode survie, cet instinct tenace mais pauvre en
sens, qui nous pousse malgré tout, malgré nous... les choses semblent nous échapper, tout va à vau-l’eau. Le capitaine intérieur est absent à lui-même.
La dépression et les états dépressifs chroniques font partie des maladies psychiques aux symptômes bien identifiés. Pour autant considérer son état mental
en difficulté est souvent tabou. Se dire en souffrance psychique renvoie à des représentations de la folie. Et dans cet état de fragilité, se résoudre à demander de l’aide n’est pas
évident. L’égo se convainc qu’il saura faire face à la tempête. Il brûle le peu d’énergie qui lui reste pour tenir la tête hors de l’eau mais le courant mélancolique l'emporte.
Les approches
Les thérapies psy et le yoga ont un objet en commun : le mental. Des praticiens et enseignants ont joué à faire des ponts entre les
disciplines. Plaisir intellectuel certes, mais les conceptions du mental et les méthodes pour le maîtriser sont diamétralement opposées.
Je n'aborderai que la compréhension yogique ici bien sûr, et comment les techniques du yoga permettent de redresser la barre quand on est prêt à chavirer. Le sujet
est vaste ! car le mental est l’objet central du yoga. (Cf. Yoga-sutra I-2)
Je me concentre donc sur un principe : l’alignement.
Corps physique corps d'énergie
L'alignement de quoi ?
Il faut observer le symptôme physique de la dépression : la courbure du corps sous le poids d’un mental plombé ! Une fermeture du corps qui bloque l'énergie vitale.
Le Hatha yoga donne une représentation symbolique de l’attitude posturale saine : celle des ČAKRA (prononcé en français
chakra). Terme passé dans le langage courant et pour autant mal connu. Il s’agit de 7 points remarquables chez un individu, alignés de l’anus à la
fontanelle.
Pour les yogis, la bonne santé est là quand ces points sont parfaitement alignés et leurs intervalles respectifs respectés :
périnée → bas ventre → nombril → plexus → gorge → front → fontanelle.
La pratique posturale (ĀSANA) agit sur cet alignement et ces intervalles. Elle redresse le corps pour que l’énergie vitale (PRĀNĀ) circule librement. Et par ce réalignement des corps physique et d'énergie, rendre au mental un état d’équilibre fait de tranquillité et de lucidité.
C'est un concept majeur de la yogathérapie avec celui des VAYU (zones énergétiques pour faire simple, à développer dans un prochain article).
Laisser agir
Pratiquer c’est donc se réaligner, se recentrer sur son axe d’énergie. Et ainsi retrouver sa ligne de flottaison, reprendre la barre et son cap.
Cela ne passe donc pas par le langage comme en psychanalyse, mais par le corps, le souffle et l'attention qui leur est portée.
Avec le yoga, il n’est pas nécessaire de verbaliser la souffrance, d'ajouter une action mentale à un mental en détresse, ce serait "ajouter de l'eau à l'océan"
disait mon enseignant indien. Il n'est pas non plus nécessaire d'intellectualiser la cause de la souffrance et moins encore la cause de la cause.
Par la pratique, il s’agit « simplement » de se libérer de la souffrance en se confiant totalement à cette sagesse ancestrale. Laisser agir la pratique, comme une chimie subtile qui régénère et rééquilibre. Ce soin énergétique a été transmis par des êtres si sensibles (les Rishis) et si proches de la nature qu’ils pouvaient entendre le bruissement de l’univers et se connecter à leur âme. Des compétences que nous avons perdu, une ignorance qui pèse sur nos existences contemporaines et fait notre mal-être.
Pratiquer le yoga pour reprendre le chemin de son existence et avancer dignement, parfaitement aligné et plein de vitalité, tel un guerrier maasaï le regard porté loin vers l’horizon sauvage.
Poursuivre le sujet avec un article connexe : la PRĀNĀ thérapie
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